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LA CALOTTE ZODIACALE, UN OBJET UNIQUE

À Chevroches a été découvert en 2001 par l’Inrap, lors des fouilles archéologiques du Domaine de Noé, près du canal, un objet unique sur toute la surface de l’empire romain : la calotte zodiacale de Chevroches. 
Fabriqué dans une tôle d’alliage cuivreux épaisse d’un demi millimètre, ce disque bombé mesure 6,45 centimètres de diamètre, pèse 17 grammes, et est percé à son sommet d’un trou de 5 millimètres de diamètre, légèrement décentré. 
Cette calotte est ciselée de trois cercles concentriques. La surface située entre le deuxième et le troisième cercle a été divisée par des traits gravés afin de constituer douze compartiments égaux. Dans ceux-ci ont été ciselés en caractères grecs, sur trois lignes, les noms des douze mois égyptiens, les noms des signes du zodiaque et les noms des mois romains.
On pense que la calotte zodiacale a été fabriquée en Égypte, à Alexandrie, à la fin du IIIe siècle. Elle serait la copie d’un objet similaire mais plus perfectionné, dans lequel les trois lignes d’inscriptions étaient mobiles, ce qui permettait de faire coïncider mois égyptiens, mois romains et signes du zodiaque, qui commencent chacun à un moment différent. Par exemple, le premier jour de l’année égyptienne correspond au 29 août du calendrier romain, et le soleil entre dans le signe de la Vierge le 22 août.
La calotte zodiacale était sans doute utilisée par un astrologue ambulant qui parcourait les routes de l’empire romain afin de donner des consultations. Avec son client, il s’installait probablement de part et d’autre d’une table sur laquelle il posait une feuille de papyrus, puis la calotte, qu’il orientait selon la date de naissance de celui qui l’interrogeait. L’astrologue déterminait la position des planètes et écrivait leur nom sur le papyrus, autour de la calotte. Puis il formulait ses prédictions suivant l’influence que ces planètes étaient censées avoir sur le client au moment de sa naissance. Les hommes de l’Antiquité avaient en effet donné aux planètes proches de la Terre les noms de divinités auxquelles ils croyaient : Jupiter, Mars, Mercure, Saturne, Vénus, et ils avaient attribué à ces astres la personnalité de ces dieux : Mars, dieu de la guerre, était propice aux choses militaires, Mercure aux affaires commerciales, Vénus à l’amour... On croyait que selon la position qu’avaient ces planètes au moment de la naissance d’un individu, celui-ci serait chanceux ou malchanceux dans les affaires de cœur, d’argent, de pouvoir...
Le fait que les signes du zodiaque et les mois des calendriers égyptien et romain étaient figés sur la calotte de Chevroches, sans possibilité d’être mis en relation selon une date précise, implique que la consultation de l’astrologue était très approximative. La calotte, objet pseudo-savant, n’avait d’autre but que d’impressionner le client.
En 340, l’empereur romain Constance, qui était chrétien, prit un édit interdisant de posséder un objet utilisé pour prédire l’avenir : celui-ci appartenant à Dieu, l’homme devait s’y soumettre. La calotte zodiacale aurait alors été mise au rebut, avec d’autres objets métalliques qui avaient été rassemblés à Chevroches en vue de leur refonte.
Aujourd’hui, cet objet est exposé au musée de Clamecy avec les autres vestiges archéologiques découverts dans ces fouilles.

Texte de Pierre-Antoine JACQUIN, Directeur du musée de Clamecy