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L'histoire gallo-romaine de Chevroches est à découvrir au musée de Clamecy


CHEVROCHES ET SA LONGUE HISTOIRE

Chevroches se trouve dans une vallée en fer à cheval qui est un ancien méandre de l’Yonne, au centre duquel s’élève une colline calcaire couverte de bois. Le site est occupé depuis très longtemps, puisqu’on y a trouvé, outre des ossements d’animaux du Paléolithique, des silex taillés qui indiquent l’existence d’un habitat de plein air entre 30 000 et 20 000 avant Jésus-Christ. Un rempart de pierre aurait été élevé au IVe millénaire avant Jésus-Christ pour barrer l’éperon rocheux de Chevroches. Au Ier siècle de notre ère, une agglomération gallo-romaine d’au moins quatre hectares a été aménagée à l’endroit où la voie reliant Autun à Entrains-sur-Nohain franchissait l’Yonne. Cette agglomération s’est développée jusqu’au Ve siècle. Le long de rues bordées pour certaines de trottoirs, les maisons disposaient du confort de la civilisation romaine : murs décorés d’enduits peints et, parfois, chauffage par le sol et eau courante. Les habitants gallo-romains de Chevroches exploitaient les carrières de pierre de la localité. Aux IIIe et IVe siècles, ils pratiquaient aussi la métallurgie du fer et du bronze dans de vastes ateliers. Leur agglomération constituait un relais routier où l’on faisait du commerce et où l’on accueillait sans doute les voyageurs. Pendant le haut Moyen Âge, où apparaît le nom en bas-latin de Cava Rocca –roches creuses, qui donnera Chevroches–, le site se transforme. Il est encore habité par une population assez importante, car une nécropole mérovingienne est aménagée entre les VIe et VIIIe siècles au sommet du plateau. On sait qu’en 849, la localité a une église. En 1213, le comte Hervé de Nevers accorde au village ses premières franchises. Du XVe siècle jusqu’à la Révolution, la seigneurie de Chevroches appartient successivement à la famille d’Armes, puis de Chabannes, puis de Monfoy, puis de Grandry, puis de Fourvières. L’église Saint-Amateur a été rebâtie entre 1783 et 1787 ; son abside et sa nef ont été à nouveau reconstruites sous le Second Empire, dans le style roman. L’exploitation des carrières, commencée à l’époque gallo-romaine, est attestée aux XVIIe et XVIIIe siècles ; elle se poursuit au XIXe siècle, stimulée par l’ouverture en 1834 du canal du Nivernais, utilisé dès lors pour charger au port de Chevroches la pierre qui est ensuite transportée par bateau. Cette pierre, qui a l’avantage d’être très dure et non gélive, est employée pour l’achèvement du Louvre sous le Second Empire ; Viollet-le-Duc y a également recours dans ses restaurations à Auxerre et au palais synodal de Sens. Ce n’est qu’au milieu du XXe siècle que s’arrête l’exploitation des carrières de Chevroches. Des habitants ont utilisé la pierre de la localité pour construire des habitations remarquables, comme la maison dite du Carrier chemin des Roches, qui comporte autour d’une cour intérieure plusieurs dépendances, dotées d’escaliers, de bornes, d’auges, de bancs, d’œils-de-bœuf... En 2001 et 2002, des fouilles archéologiques accomplies avant la construction du Domaine de Noé révèlent le passé gallo-romain de cette commune dont l’histoire est très longue et qui séduit de nos jours touristes, cyclistes et les navigateurs du canal.

Texte de Pierre-Antoine JACQUIN, Directeur du musée de Clamecy