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CHARLES LOUPOT, UN ARTISTE À CHEVROCHES


Charles Loupot naît à Nice en 1892 et se forme à l’École des Beaux-Arts de Lyon de 1911 à 1913. Blessé au début de la guerre, en août 1914, puis réformé, il rejoint ses parents qui habitent en Suisse, où il commence en 1916 sa carrière d’affichiste, travaillant notamment pour de grands magasins de vêtements. 
En 1923, il s’installe à Paris où il reçoit dès lors des commandes d’affiches pour des marques célèbres : Peugeot, les peintures Valentine, le thé Twining, L’Oréal... 
Il est reconnu comme un des créateurs majeurs qui, avec Carlu, Cassandre et Colin, renouvelle l’art de l’affiche.

À l’occasion d’un trajet pour visiter Vézelay, Loupot s’arrête à Chevroches et éprouve un coup de cœur pour le village, où il s’achète en juin 1934 une maison, celle située le plus haut dans le village. Il la fait agrandir par un entrepreneur de Clamecy dont il s’éprend de la fille, France Pier, qui devient sa compagne. Dans sa résidence secondaire de Chevroches, Loupot reçoit dès lors les artistes et écrivains qu’il fréquente, comme son ancien condisciple de l’École des Beaux-Arts Gabriel Chevallier, l’auteur du roman Clochemerle. Vers 1937, Loupot dessine le nouveau coq de cuivre du clocher de l’église de Chevroches, qui est toujours en place.





De 1935 à 1940, l’artiste crée des affiches pour le shampoing Dop, Ambre solaire, et il commence une longue collaboration avec l’apéritif Saint-Raphaël. En juin 1940, Loupot ferme son atelier parisien et s’installe à Chevroches, où il passe les quatre années de l’Occupation, entrecoupées par de petits séjours en Provence où vivent ses parents. Il s’adonne surtout au dessin et à la peinture. 
Après la guerre, il reprend son activité d’affichiste, travaille beaucoup pour Saint-Raphaël, et imagine des affiches pour le cirage Lion noir, Vichy Célestins, Monsavon, L’Air liquide... Son art, jusqu’alors figuratif, a évolué vers l’abstraction, comme en témoignent les fresques qu’il peint en 1952 dans une chapelle de la Nièvre, Notre-Dame de la Tête Ronde à Menou.
À la fin des années 1950, Loupot restaure une maison de Chevroches presque voisine de la sienne, la maison Narcy, afin de l’offrir à France Pier. En juillet 1962, il fait à Chevroches un dernier séjour au cours duquel il reçoit Gabriel Chevallier. 
Il meurt aux Arcs-sur-Argens en octobre 1962. Grâce aux dons de France Pier puis de Jacqueline Loupot, le musée de Clamecy possède la collection la plus complète d'oeuvres de Charles Loupot, qui est exposée en permanence. 

Texte de Pierre-Antoine JACQUIN, Directeur du musée de Clamecy